Vendredi matin, 8h30, gare du Funiculaire Vevey-Le Mont-Pélerin. 20 enfants pleins d’énergie trépignent d’impatience devant les portes du funiculaire. Certains, armés de leurs boîtes d’observation, ont déjà attrapé les araignées et insectes qui avaient mal choisi leur cachette. C’est l’effervescence! Et quelle chance d’être accompagnés de deux biologistes, dont une est la sœur de leur maîtresse! Les questions fusent. C’est que nous nous apprêtons à passer la journée en forêt pour y découvrir un monde encore inconnu : le sol!
Nous nous arrêtons à Paully, en lisière de forêt, pour voir ce qu’est le sol aux yeux des enfants, avant d’utiliser nos sens. Pour eux, le sol c’est avant tout le support des plantes et des activités humaines. C’est sur le sol que l’on construit maisons, routes, tuyaux, terrain de foot (le regard d’un ingénieur civil ?). C’est sur le sol que poussent l’herbe et les arbres.
Le sol est le support de nos activités, mais est-ce tout ?
C’est parti pour l’exploration! A l’ombre des hêtres et des chênes (quelle idée de faire ça en mars!), les enfants explorent la litière, première couche du sol, à la recherche de nouveaux éléments. En forêt, il n’est plus question ni de route ni de tuyau ; ils découvrent champignons, graines, feuilles, bois décomposé, insectes, cailloux,… Chacun présente aux autres ce qu’il a trouvé. Et Gaëtan, devant un public déjà conquis, explique comment les feuilles mortes sont grignotées, décomposées par les animaux et champignons pour devenir terre et nourrir à leur tour d’autres plantes.
Pour approfondir nos connaissances, Creusons !
Nous zigzaguons entre les arbres, enjambons les arbres tombés pour rejoindre le profil que Gaëtan, Sarah et moi avons creusé quelques jours auparavant. Réunis autour du trou, les enfants observent ce dégradé de couleur qu’est le sol, passant du noir de la litière au beige des couches plus profondes. Différences de couleur, présence de pierres ou de racines entre les différents niveaux : c’est bien la vie qui façonne cet univers. A la surface, plantes et animaux, dans les profondeurs, la roche et entre les deux, un dégradé progressif, mélange intime du minéral et du vivant.
La main à la pâte.
Rien de tel que d’utiliser ses doigts pour s’en rendre mieux compte ! Nous récoltons des échantillons de chaque couche. On s’emploie à les toucher, à essayer de les modeler. Les différences sont flagrantes : les enfants font de magnifiques boudins avec la terre des couches profondes, grâce à la présence d’argile en grande quantité. Avec la couche supérieure, juste sous la litière, c’est impossible. Par contre cette terre très noire, s’étale dans la main et est très douce au toucher. Soyeuse, c’est le mot utilisé dans le jargon qui marque la présence de grandes quantités de matière organique. Issue des plantes et de tout ce qui était vivant, c’est le fruit du labeur des petits animaux décomposeurs et des différentes bactéries et champignons, qui découpent la litière en éléments plus fins.
Matière ogra-quoi ? Matière organique ! Un mot un peu compliqué, mais Sarah connaît tous les trucs pour s’en rappeler ! Répétez en cœur : Matière organique. Concentrez vous pour l’entendre dans votre tête. Écrivez-le en l’air avec votre doigt, et maintenant, regardez ce tronc d’arbre et imaginez-vous le mot matière organique écrit en rouge sur le tronc.
Vous vous en souvenez ? Alors rentrons en classe pour pique-niquer et voir de nos yeux ces décomposeurs mystérieux !
A suivre…